Le manque de respect du gouvernement chinois pour les droits fondamentaux de ses citoyens préoccupe les Français et les Allemands, selon un sondage réalisé ce mois-ci par l’Ifop en France et en Allemagne à l’occasion de la visite en Europe du président chinois, Xi Jinping. Environ 80% des Français et 87% des Allemands disent souhaiter que François Hollande d’une part, et la chancelière Angela Merkel d’autre part, «évoquent lors de leurs entretiens avec Xi Jinping la situation des droits de l’homme et des libertés publiques en Chine».

Selon le sondage, 78% des Français et 83% des Allemands souhaitent que Hollande et Merkel «expriment» auprès de Xi Jinping «leur préoccupation quant à la situation des Tibétains en Chine». Cette situation est «peu satisfaisante» pour 89% des Français et 88% des Allemands. D’une manière générale, Pékin n’a pas la cote. Quelque 63% des Français et 69% des Allemands disent avoir «une mauvaise opinion des actuels dirigeants de la République populaire de Chine». Seuls 2% des Français et 3% des Allemands entretiennent une«très bonne opinion» des leaders chinois.

Représailles. En revanche, 89% des Français et 88% des Allemands ont une bonne opinion du dalaï-lama, le chef spirituel des Tibétains (exilé en Inde, avec 100 000 compatriotes, depuis 1959). Autant de Français que d’Allemands (83%) souhaiteraient ainsi que le pape des Tibétains soit «invité en visite officielle» par leurs gouvernements respectifs. Le pouvoir communiste chinois y est foncièrement opposé, et brandit des mesures de représailles non spécifiées. Jacques Chirac avait pourtant reçu le dalaï-lama à l’Elysée en 1998, avec d’autres Prix Nobel, sans grande conséquence. Le commerce franco-chinois avait toutefois subi quelques répercussions après la rencontre de Nicolas Sarkozy avec le grand lama, en Pologne en 2008. Mais les affaires avaient repris de plus belle une fois que celui-ci eut fait amende honorable.

Le sondage de l’Ifop aborde aussi le dilemme business-droits de l’homme si caractéristique des relations entre l’Occident et Pékin. Si les trois quarts des sondés de part et d’autre du Rhin souhaitent que leur gouvernement obtienne de nouveaux contrats avec la Chine, seuls 53% des sondés en France et 48% en Allemagne sont en revanche favorables à «inciter les capitaux chinois à investir massivement»chez eux.

Philippe GRANGEREAU (à Pékin)